Par Sylvianne Rivest, Rédactrice
Les étapes, un terme inadéquat
Bien qu’on retrouve dans la littérature les 5 étapes du deuil d’Elisabeth Kübler-Ross, on choisit de moins en moins de les appeler ainsi, puisque ce terme ne semble pas coïncider avec la réalité que vivent concrètement les endeuillés.
Lorsqu’on parle d’une étape, on présuppose qu’une fois celle-ci franchie, on passe à autre chose. Pourtant, en réalité chacune de ces phases n’ont pas une fin en soi. Elles sont plutôt sujettes à revenir au fil du temps, à force et à intervalles variés, même lorsqu’on chemine. Leur récurrence ne signifie pas un retour en arrière au contraire, puisqu’on ne fait pas son deuil, mais on apprend à vivre avec cette nouvelle réalité.
L'intervenant psychosocial Michel Trozzo se plait d’ailleurs à nommer ces phases : « Les vagues du deuil ». Les vagues sont parfois plus fortes, parfois plus douces et peuvent se chevaucher. Puis, l’endeuillé ne les découvre pas nécessairement dans l’ordre cité ci-dessous, puisque nous sommes tous différents, par notre vécu et notre bagage respectif. Honorons donc nos différences, elles sont notre richesse et ce qui nous rend si précieux pour ceux qui nous entourent.
Découvrons les 5 vagues du deuil
1. Le cerveau anesthésié
La première vague est celle du cerveau anesthésié, c’est celle qu’on associe au choc, au déni, à l’évitement. C’est-à-dire qu’à cet instant, on sait pertinemment que quelque chose de grave s’est passé, mais on le ressent moins.
2. Le dégel
Lorsqu’on rencontre le dégel, l’anesthésie ne dure plus, on commence à se sentir mal. C’est le moment où l’on fait face à une panoplie d’émotions, que ce soit : la colère, le regret, la honte, la culpabilité, la tristesse, etc. En fait, c’est ici que toutes les émotions émergent.
3. La phase dépressive
Durant cette vague, on prend conscience que l’être cher ne reviendra plus. C’est une des phases la plus importante et la plus difficile. Cruciale, puisque si on ne réalise pas que la personne aimée est réellement partie, on ne pourra pas s’organiser autrement, en harmonie avec la nouvelle réalité.
4. L’expérimentation
Dans cette phase, on expérimente des solutions. On ne la trouve pas d’un coup, « on magasine » comme dirait Michel Trozzo. Il faut ajuster les solutions à soi-même et s’éloigner des recettes toutes faites, puisqu’après tout nous sommes tous uniques.
5. La réorganisation
C’est à ce moment qu’on redéfinit ce que nous sommes, en résonnance avec chacune des phases de notre vie et en considérant cette perte de l’être aimé.
L’idée ici, c’est d’opter pour du sur mesure, intégrer cette absence, la faire sienne et essayer de voir comment notre vie va maintenant continuer. On ne peut pas revenir au commencement, mais on peut poursuivre à partir de ce que nous avons été et de ce que nous sommes maintenant.
Les stades de notre vie réactivés
Le deuil nous oblige à nous reconstruire, c’est douloureux, mais c’est aussi une opportunité. Un peu à l’image d’une poupée russe (Matriochka), tout ce que nous avons vécu, nous le portons en nous. Ce que les autres décèlent de nous à l’extérieur est seulement l’endroit où nous sommes aujourd’hui, mais nous abritons chacune des étapes de notre vie et elles sont bien vivantes en nous.
« Les vagues du deuil » réveillent certaines phases vécues qui ont mené à ce que nous sommes aujourd’hui et ce qui constituent notre identité : l’enfant, l’adolescent, l’adulte, etc. Chacun de ces stades impliquent des réactions différentes.
Michel Trozzo nous suggère d’apprendre à dialoguer avec ces parties de nous, avec comme intervenant l’adulte que nous sommes devenus.
L’enfant :
On associe souvent l’enfant à la partie de nous la plus fragile, celle qui se sent dépourvue et qu’on doit protéger, ou même au pleurnichard. On l’associe aussi à notre envie de jouer candidement. Bref, à tout ce qui existait à cette époque de notre vie.
Durant un deuil, souvent l’enfant refait surface, mais surtout portant cette impression de ne pas avoir les ressources nécessaires pour continuer. Il est vrai qu’enfant nous ne les avions pas, mais l’adulte d’aujourd’hui a traversé plus d’une épreuve et développé plus d’une habileté.
L’adolescent :
On associe surtout l’adolescent à notre côté rebelle, sans compromis, à cette partie de nous révoltée qui dénonce les injustices, qui conteste et a un tourbillon d'émotions contradictoires.
C’est effectivement injuste, un deuil. De perdre quelqu’un qu’on aime, c’est moche. Malheureusement c’est inéluctable, c’est un passage obligé. C’est normal aussi d’avoir des émotions contradictoires. Maintenant à l’âge où nous sommes, il est aussi possible de mettre en lumière les difficultés qu’on a vécu précédemment et comment on a su se réorganiser par le passé.
Suis-je normal?
Pour en apprendre davantage sur les 4 questions les plus fréquentes lorsqu’on rencontre « Les vagues du deuil », suivez ce lien.
Les espaces Memoria offrent gratuitement à leurs familles six séances avec l’un de nos intervenants psychosocial. Il est possible de consacrer les six à l’un des membres de la famille (qui en a le plus besoin) ou de les diviser entre plusieurs membres d’une même famille.
De plus, chez Memoria, il vous est possible de vous joindre tous les lundis de 13h à 16h, à des rencontres de groupe gratuites portant sur le deuil et animées par l'intervenant psychosocial Michel Trozzo.
Parce que nous savons comment cette période est difficile bien au-delà de l’organisation d’une cérémonie commémorative, Memoria a développé plus d’un service d’accompagnement. Suivez ce lien pour en apprendre davantage sur les services de soutien qui s’offrent à vous.
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