Par Sylvianne Rivest, Rédactrice
L'intervenant psychosocial animant les groupes de discussion pour endeuillés tous les lundis chez Memoria, Michel Trozzo, soulève quatre questions qui refont régulièrement surface (que ce soit en séance privée ou en groupe).
Les 4 questions les plus fréquentes lorsqu’on traverse « Les vagues du deuil »
1. Serai-je capable de m’en sortir?
Lorsqu’on rencontre un deuil, encore plus lorsqu’on sent la vague dépressive nous happer, il est commun de penser qu’on ne peut pas vivre sans l’autre et même souhaiter aller le retrouver de l’autre côté, c’est-à-dire convoiter secrètement l’idée de mettre fin à nos jours.
Cela dit, nous possédons tous un bagage qui nous permet de rebondir et de s’en sortir, c’est ce que nous appelons la résilience. Depuis notre venu au monde, nous avons réalisé tout un parcours et développé plus d’un outil. Certaines phases du deuil nous déroutent tant que nous n’arrivons plus à voir clair.
L'intervenant psychosocial Michel Trozzo donne cette image comme référence :
« C’est comme si une grosse roche tombait dans un lac translucide, sa chute provoque un choc au fond du lac. C’est ce qui fait remonter la boue, l’eau devient opaque et c’est très difficile de voir à travers. Il faut laisser le temps à la boue de redescendre, pour que l’eau se clarifie et pour arriver à percevoir les outils dont nous disposons et qui nous aideront à nous reconstruire ensuite. »
2. Qu’est-ce que je vais devenir maintenant?
Cette question est merveilleuse parce que nous n’avons pas de réponse à cet instant. C’est-à-dire que tout est possible, nous pouvons devenir ce que nous souhaitons.
Face à cette question deux attitudes sont possibles :
- Paniquer : Puisqu’on souhaite s’accrocher à ce que nous étions, mais la perte nous a déjà transformé. Nous ne sommes plus la même ou le même. Nous sommes déjà rendus ailleurs et il n’est plus possible de revenir en arrière
- Être créatif : Il est aussi envisageable de se poser cette stimulante question : « Comment vais-je me reconstruire? ». L’idée n’est pas de faire table rase et d’oublier, mais plutôt de faire du sens avec ce qui nous a constitué et se reconstruire. Maintenant, nous devenons une nouvelle personne. Qui souhaitons-nous devenir?
Par exemple, pour la perte d’un amoureux : nous ne sommes plus la conjointe, mais quelle sorte de veuve souhaitons-nous être?
3. Est-ce que je fais une dépression?
Lorsqu’on entre dans la vague dépressive, il n’est pas rare de se demander si nous sommes en dépression. En fait nous rencontrons un état dépressif, c’est un passage obligé pour pouvoir ensuite se réorganiser. Ce n’est pas une pathologie en soi. Cette phase dépressive est intimement reliée à notre deuil.
4. Est-ce que je devrais prendre des anti-dépresseurs dans la phase dépressive?
C’est une décision personnelle, qui dépend de nos convictions à tous et chacun. L’idée n’est pas de convaincre les anti-pilules, au contraire. L’important demeure de s’écouter et de reconnaitre nos besoins.
Si cette option est concevable pour nous, l'intervenant psychosocial Michel Trozzo mentionne que les anti-dépresseurs peuvent nous aider temporairement à passer au travers cette phase de façon moins souffrante. Tout en sachant que ce n’est pas l’anti-dépresseur qui va nous soigner, mais plutôt le travail qu’on effectue à côté. Ils agiront un peu comme des anti-douleurs pendant une période de convalescence.
Si vous avez besoin d’en discuter davantage et d’adresser vos questions, Les espaces Memoria offrent gratuitement à ses familles six séances avec l’un de nos psychothérapeutes. Des groupes de discussion entre endeuillés ont d’ailleurs lieu chaque lundi et sont animés par l'intervenant psychosocial : Michel Trozzo.
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