Cinéaste et musicien, il est un des pionniers du cinéma underground français des années 1960. Au moment de la Révolution tranquille, il se trouve en France où il s’initie à des pratiques remettant en question les fondements de la musique de tradition classique européenne. Il se tape disques et concerts, qui auront une incidence certaine sur la trame sonore de ses films. Il assiste aux performances du Domaine musical, auxquelles participe l’Américain John Cage dont la musique aléatoire lui plaît particulièrement. L’underground français se met aussi en place à cette époque. C’est dans ce contexte qu’entre 1966 et 1968, Étienne O’Leary prépare les bandes-son accompagnant Voyageur diurne, Homeo et Chromo sud, 3 films qu’il réalise. Il élabore ses bandes-son à l’aide de magnétophones et de procédés artisanaux, et recourt à une panoplie d’objets et d’instruments, musicaux ou autres. Ces constructions sonores inquiétantes trouvent essentiellement leur écho dans les films pour lesquels elles ont été conçues. Cette œuvre cinématographique, produite à l’aube de mai 68, juste avant les séismes qui vont secouer l’espace politico-culturel occidental, est violente. Elle présente et se présente dans un état de lutte perpétuelle. Cinéma de résistance, d’insoumission, ces films brutalement personnels constituent un ensemble ayant peu de précédents. Étienne O’Leary y invente une forme de langage cinématographique fondé sur une technique de surimpression. Les films du « Rimbaud du cinéma » ont fait l’objet d’une rétrospective à la Cinémathèque québécoise en 2010. Ils ont été acquis par le Centre Georges-Pompidou à Paris. En 2010 également, les bandes-son ont été regroupées sur un disque ayant pour titre Étienne O’Leary. Musiques de films (1966-1968). Né à Montréal le 24 octobre 1944, il y est décédé le 17 octobre 2011.
O’Leary Étienne
24 oct. 1944 – 17 oct. 2011